Glossaire

Définition des réflexes archaïques

Les réflexes archaïques – parfois appelés réflexes primitifs – désignent un ensemble de mouvements automatiques, involontaires, présents dès la naissance. Ces réflexes sont commandés par le tronc cérébral et ont un rôle fondamental dans les premières étapes du développement moteur, sensoriel et postural du nourrisson. Leur apparition, leur intensité et leur disparition progressive sont des indicateurs clés du développement neurologique harmonieux.

Parmi les réflexes archaïques les plus connus et évalués en clinique, on peut citer :

  • Réflexe de Moro (réflexe de sursaut)
  • Réflexe tonique asymétrique du cou (ATNR)
  • Réflexe tonique symétrique du cou (STNR)
  • Réflexe de Galant (ou incurvation du tronc)
  • Réflexe de succion
  • Réflexe de préhension palmaire (Grasping)
  • Réflexe de Babkin (pression dans la paume déclenchant succion et mouvements de tête)
  • Réflexe de Babinski
  • Réflexe de la marche automatique
  • Réflexe des points cardinaux (recherche du sein)
  • Réflexe de Landau
  • Réflexe de redressement labyrinthique
  • Réflexe parachute
  • Réflexe de traction des bras

Chacun de ces réflexes a une fenêtre temporelle d’apparition et d’extinction spécifique. Leur persistance au-delà de l’âge attendu peut constituer un indice d’immaturité neurologique ou d’un trouble neurodéveloppemental.

 

Une importance clinique bien établie

Aujourd’hui, la littérature scientifique et les professionnels du développement de l’enfant (psychomotriciens, ergothérapeutes, neuropédiatres…) s’accordent sur l’importance de ces réflexes archaïques. Leur observation est régulièrement intégrée aux bilans neuro-développementaux car leur persistance au-delà de l’âge attendu peut indiquer une immaturité neurologique ou un trouble du développement.

Des études ont mis en évidence une corrélation entre des réflexes persistants et des troubles tels que :

  • Des difficultés de coordination motrice et d’équilibre
  • Des troubles de l’attention (TDAH)
  • Des troubles spécifiques des apprentissages (dyslexie, dyspraxie…)
  • Des comportements d’évitement ou d’instabilité émotionnelle

Ainsi, leur évaluation constitue un outil précieux pour comprendre certaines difficultés scolaires, comportementales ou posturales chez l’enfant.

 

Les approches d’intégration : entre enthousiasme clinique et controverses scientifiques

Face à ces constats, plusieurs courants thérapeutiques se sont développés, proposant de « réintégrer » les réflexes archaïques persistants grâce à des exercices moteurs spécifiques, souvent inspirés des mouvements du développement moteur du nourrisson. Parmi ces approches : INPP (Institute for Neuro-Physiological Psychology), MNRI (Masgutova), RMTi (Rhythmic Movement Training International), etc.

Ces méthodes rencontrent un engouement croissant chez certains praticiens et parents. Elles font état d’améliorations sur le plan moteur, cognitif ou attentionnel, notamment chez les enfants avec troubles neurodéveloppementaux.

Cependant, ces approches sont loin de faire consensus dans la communauté scientifique. Plusieurs revues de la littérature et méta-analyses pointent :

  • des protocoles peu standardisés,
  • des échantillons restreints,
  • l’absence de groupes de contrôle rigoureux,
  • des effets potentiels confondus avec d’autres facteurs (relation thérapeutique, effet de la répétition, maturation spontanée…).

 

Une position de prudence du CNP des psychomotriciens

En France, le Conseil National Professionnel des Psychomotriciens (CNP) a publié une prise de position critique vis-à-vis de ces formations à l’intégration des réflexes archaïques. Le CNP déconseille à ses membres de s’y former ou de les intégrer comme approche thérapeutique principale, en raison de l’insuffisance de preuves scientifiques solides permettant de valider leur efficacité et de leur cadre théorique.

Cette position n’invalide pas l’intérêt du repérage des réflexes persistants dans la clinique psychomotrice, mais invite à la prudence quant aux pratiques qui s’en revendiquent sans validation scientifique rigoureuse.

 

En résumé…

  • Les réflexes archaïques jouent un rôle fondamental dans la construction du schéma corporel, de la posture et des capacités d’adaptation motrice.
  • Leur persistance au-delà du développement attendu peut être le signe d’un trouble neurodéveloppemental ou d’une immaturité neurologique.
  • Si des méthodes d’intégration thérapeutique se développent, elles doivent encore faire l’objet de recherches rigoureuses avant d’être considérées comme des approches validées.
  • Les professionnels de santé, notamment en psychomotricité et en ergothérapie, intègrent ces éléments dans leurs bilans tout en restant vigilants sur les dérives non fondées scientifiquement.

 

En savoir plus

Berne, S. A. (2014). Reflexes, Learning and Behavior: A Window into the Child’s Mind. Outskirts Press.

Goddard, S. (2005). Reflexes, Movement and Learning: Understanding the Physical Foundations of Learning Difficulties. Hawthorn Press.

Kandel, E. R., Schwartz, J. H., & Jessell, T. M. (2013). Principles of Neural Science (5th ed.). McGraw-Hill Education.

Piaget, J. (1952). The Origins of Intelligence in Children. International Universities Press.

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