Danièle Dumont est docteure en sciences du langage, experte en rééducation de l’écriture près la Cour d’appel de Dijon et formatrice depuis plus de trente ans. Son ouvrage fondateur « Le geste d’écriture » (1999) pose les bases d’un enseignement progressif du graphisme à l’école française. La méthode, désormais intégrée aux documents d’accompagnement du ministère de l’Éducation nationale, se distingue par son ancrage scientifique et sa forte diffusion éditoriale (cahiers Hatier, Larousse, Belin).
Parcours académique et recherches
Danièle Dumont s’est formée aux linguistiques fonctionnel-structurales avant de se spécialiser dans la motricité fine et la psychologie du développement. Sa thèse, soutenue à l’Université René-Descartes (Paris V), explore la dimension physiologique du mouvement scriptural. Cette articulation entre sciences du langage, neurosciences et pédagogie fait de Danièle Dumont une référence pour les enseignants, orthophonistes et ergothérapeutes.
Principes fondamentaux de la Méthode Dumont
> Les fondamentaux du geste d’écriture
- Posture et tenue de l’outil : stabiliser l’épaule, libérer le poignet et aligner les doigts afin d’optimiser la proprioception.
- Formes de base : trois tracés primordiaux (boucles, étrécies, ponts) d’où dérivent toutes les lettres cursives.
- Sens du mouvement : privilégier une dynamique gauche-droite et haut-bas qui respecte la latéralité neuromotrice de l’enfant.
> Matériel didactique et progression
La progression Dumont va de la découverte sensorielle (cycle 1) à la maîtrise cursive fluide (cycle 2). Les cahiers proposent :
- Des activités de préparation musculaire (graphismes larges, jeux moteurs).
- Un apprentissage lettre-famille plutôt qu’alphabétique, réduisant la charge cognitive.
- Une intégration précoce des liaisons entre lettres pour prévenir les cassures de tracé.
L’édition 2017 inclut une police numérique “Cursive Dumont”, facilitant la cohérence entre supports papier et écrans.
Apports cognitifs et neuroscientifiques
> Motricité fine et circuits neuronaux
Les travaux utilisant l’IRM fonctionnelle montrent qu’un geste cursif homogène active simultanément le cortex moteur, le cervelet et les aires visuo-spatiales, favorisant la consolidation mnésique. La méthode Dumont, en entraînant la continuité du tracé, renforce ces boucles sensorimotrices et améliore la vitesse scripturale sans sacrifier la lisibilité.
> Transfert vers la lecture et la compréhension
En associant chaque lettre à un geste-type, Danièle Dumont réduit le temps de reconnaissance grapho-phonémique. Des études comparatives avec la méthode globale révèlent un meilleur score en fluence et en orthographe lexicale chez les élèves formés selon Dumont après neuf mois d’apprentissage.
Réception, débats et limites actuelles
> Controverses dans la communauté éducative
Certain·e·s chercheurs soulignent le risque de normativité excessive : la Méthode Dumont impose une écriture inclinée à 3° et un interligne précis, jugés contraignants pour des enfants dyspraxiques ou gauchers non compensés. D’autres regrettent la faible prise en compte de l’écriture script (bâton) pourtant courante dans les pays nordiques.
> Adaptations nécessaires pour les profils atypiques
- Dyspraxie : nécessité d’allonger les phases kinesthésiques et d’introduire des supports lignés renforcés.
- Trouble de l’attention : fractionner les séances et intégrer la métacognition (auto-évaluation du geste).
- Écriture inclusive assistée : fusion possible avec des outils numériques (tablettes stylus) bien que les données empiriques restent limitées.
Ces points invitent la recherche à questionner la transférabilité universelle de la méthode et à multiplier les protocoles contrôlés.
Pour aller plus loin :
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Dumont, D. Le geste d’écriture : Méthode d’apprentissage, Cycles 1 et 2, Hatier, 1ʳᵉ éd. 1999 ; rééd. 2022
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Biographie officielle : https://legestedecriture.fr/biographie/
- Ministère de l’Éducation nationale. Document d’appui pour l’enseignement de l’écriture manuscrite, 2021, p. 11-12 et 74-75.