Glossaire

La proprioception, ou sensibilité profonde, se définit de façon simple par la perception consciente ou inconsciente du corps dans l’espace, qu’il soit statique ou en mouvement. Utile à chaque instant du quotidien, c’est le système qui nous permet de porter notre fourchette à la bouche sans la voir, de marcher dans la rue sans tomber malgré les obstacles ou encore de changer de vitesse en voiture tout en gardant les yeux sur la route.

 

La proprioception, comment ça fonctionne ?

Plus précisément, la proprioception renseigne sur l’état et la position des parties du corps grâce aux différents récepteurs proprioceptifs situés dans les os, les muscles, les tendons, les ligaments et dans la peau, en captant les informations d’étirement et de pression. Toutes ces stimulations reçues par ces capteurs seront transformées en signaux nerveux et seront envoyés à l’encéphale. Il les triera afin de ne garder que les plus essentiels, qu’il analysera et traitera dans les différentes zones encéphaliques spécifiques. Il en résultera des réactions conscientes ou inconscientes adaptées à la situation ou à la tâche en cours (fonction d’équilibration en cas de chutes, initiation de gestes, adaptation de posture…).

Incluse dans la boucle sensori-motrice aux côtés des systèmes vestibulaire et visuel, la proprioception impacte également la connaissance de notre propre schéma corporel. Dès 1982 J. Paillard, neurophysiologiste, indique d’ailleurs que c’en est le sens principal, grâce aux informations internes ressenties des différentes parties du corps. Par la suite, d’autres études ont démontré que les zones corticales traitant le schéma corporel sont également celles mises en jeu dans la production d’un geste (Goble et coll., 2011 ; 2012).

 

Une proprioception inconsciente, à quoi ça sert ?

La proprioception inconsciente a pour rôle de contrôler la posture, le tonus musculaire et la coordination des mouvements automatiques et d’équilibration en fonction des activités et de l’environnement. Les informations seront traitées dans le cervelet. D’ailleurs tout le monde a au moins une fois dans sa vie, testé son réflexe proprioceptif… Chez le médecin ! En effet lorsqu’il tape en dessous du genou, c’est bien pour tester la boucle réflexe de la proprioception inconsciente.
Il est donc important de la développer pour pouvoir libérer notre attention lors des diverses tâches du quotidien.  
De plus, cette proprioception a un impact sur différents items psychomoteurs.
Par exemple avec le tonus, plus la proprioception est affinée, plus il sera ajusté. Si elle est pauvre au contraire, les tonus de fond et postural auront une tendance à l’hypotonie et donc une compensation nécessaire par un tonus d’action élevé. Cela s’explique par le fait qu’il y aura besoin d’un niveau élevé de contraction musculaire pour atteindre le seuil de perception afin de ressentir le mouvement.

 

Proprioception et apprentissages…

La proprioception est le système sensoriel qui est à la base de la Pyramide des Apprentissages, théorisée par deux ergothérapeutes, Mary S. Williams et Sherry Shellenberger. La pyramide des apprentissages illustre l’intégration progressive des informations par le cerveau. Les connexions se forment à travers l’expérience et le développement, permettant la maîtrise de la motricité et des informations sensorielles. Les comportements visibles au sommet reflètent les compétences sous-jacentes à la base. S’il manque une « brique » ou si certaines connexions entre les briques sont inefficaces, des troubles des apprentissages peuvent apparaitre. Développer la proprioception est donc nécessaire au bon développement des enfants. Cela permettra de limiter la double-tâche et d’être plus disponible pour les apprentissages.

Christine Assaiante, directrice de recherche en neurosciences au CNRS, fait le lien entre proprioception et mise en place des fonctions exécutives. Selon ses recherches, un faible développement de ce sens peut entraîner des déficits parmi lesquels : les TSLE (dyslexie) et les Troubles Développemental de la Coordination.

Lire notre article « Proprioception et dyslexie : un lien désormais bien établi » à ce sujet.

 

 

La Pyramide des apprentissages est la base de l'intégration neurosensorielle

Et la pratique du Brain Ball dans tout cela ?

La méthode Brain Ball© stimule les différents systèmes sensoriels dont la proprioception. De fait, jongler en rythme et en coopération exige une coordination fine des mouvements et une conscience précise de la position de son corps dans l’espace : la main doit être au bon endroit pour réceptionner ou envoyer les engins, les pieds doivent être bien placés pour une bonne stabilité lors des mouvements des membres supérieurs.

Les exercices, parfois réalisés les yeux fermés ou dans des positions instables, obligent les participants à se fier entièrement à leur proprioception pour ajuster leurs gestes et maintenir leur équilibre.

Les passages d’engin variés font intervenir différents plans de l’espace, pas ou peu usités au quotidien, qu’il s’agisse de passer l’engin d’une main à l’autre, devant soi ou derrière le dos, ou encore sur les côtés pour le transmettre aux partenaires.

Au fil des séances Brain Ball, l’ajustement tonique nécessaire sera soutenu par la proprioception. Au fur et à mesure des répétitions, on pourra notamment observer l’amélioration de la prise en main de l’objet, du balancement du bras à partir de l’épaule et de la stabilité de la posture du corps (tronc, membres inférieurs, polygone de sustentation*).

 

*Polygone de sustentation : surface nécessaire permettant l’équilibre statique, pouvant être symbolisée par un triangle isocèle avec en son sommet le centre de gravité du corps, et à sa base l’espace au sol entre les deux pieds.

La Proprioception selon…

André Bullinger, psychologue et professeur honoraire à la Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Éducation de l’Université de Genève, a concentré sa carrière sur le développement sensori-moteur du jeune enfant.

Il définissait la proprioception comme le lien entre sensorialité et motricité. Selon lui « la proprioception va permettre de situer notre corps dans l’espace, elle n’est pas une donnée biologique en soi mais le fruit d’une coordination. » (Bullinger, 2004, p 132)

Puis quelques années plus tard, il postula que «  C’est la coordination vestibulo-proprioceptive qui permet de construire les appuis corporels stabilisant la posture » (Bullinger, 2012).

En savoir plus

Bullinger, A., & ABSM, L. (2015). Les effets de la gravité sur le développement du bébé. ERES. https://doi.org/10.3917/eres.absm.2015.01

ABSM & Bullinger, A. (2022). La fonction proprioceptive. Érès. https://doi.org/10.3917/eres.bulli.2022.01

Goble DJ, Coxon JP, Van Impe A, Geurts M, Van Hecke W, Sunaert S, Wenderoth N, Swinnen SP. The neural basis of central proprioceptive processing in older versus younger adults: an important sensory role for right putamen. Hum Brain Mapp. 2012 Apr;33(4):895-908. doi: 10.1002/hbm.21257. Epub 2011 Mar 22. PMID: 21432946; PMCID: PMC6870471.

À Télécharger (et partager) : la Pyramide des Apprentissages de William & Schellenberger

NM - Définition de la Proprioception
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Définition de la Proprioception
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