Définition du tonus
Le tonus se définit par l’état de tension permanente des muscles, variant en fonction des stimuli nerveux. Il est la toile de fond du maintien de la posture, des activités motrices, des interactions et de la conscience de soi.
Quels sont les facteurs influençant le tonus ?
Le tonus fluctue selon plusieurs paramètres dont :
• La maturation du système nerveux central. Débutant in utero, elle repose sur deux systèmes de contrôle moteur : le système sous cortical qui permet le maintien inconscient de la posture ainsi que le système cortical qui participe au contrôle moteur volontaire et conscient.
L’évolution neuromotrice commence in utero, progresse rapidement jusqu’aux deux ans de l’enfant puis arrive lentement à maturité vers les douze ans. Elle est soumise à différentes lois, dont la Loi de succession caractérisée par la loi céphalo-caudale qui concerne le tonus axial pour une stabilité (le bébé contrôle successivement le maintien de tête, la station assise, le contrôle du bassin puis la station debout) et la loi proximo-distale qui concerne le tonus des membres les plus proches du tronc jusqu’aux extrémités afin d’atteindre un meilleur contrôle de la motricité fine en vue d’explorer l’environnement.
À ces deux lois s’ajoutent également les différents réflexes du nouveau-né qui sont liés à l’évolution du tonus, comme le réflexe de Moro.
Ces premières années de vie sont donc capitales pour intégrer les compétences d’une motricité fluide, contrôlée et variée, grâce à la maîtrise des appuis du corps et l’agilité des différents membres.
• L’état physiologique au travers des sécrétions hormonales influençant l’activité du système nerveux central et les capacités musculaires. On peut notamment citer l’influence de l’augmentation de testostérone ou encore de la chute des œstrogènes dans l’augmentation du tonus.
• L’état émotionnel qui se traduit par un état tonique qui lui est propre, comme de fortes tensions musculaires lors de joie ou de colère, ou au contraire un relâchement lors de tristesse. Le tonus a d’ailleurs valeur de communication infra-verbale à travers le « dialogue tonique ». Ce dernier a été mis en lumière par le psychologue Henri Wallon en 1930, suite à l’observation des interactions pré-langagières mère-enfant.
• Le traitement des informations sensorielles perçues grâce à nos sept sens que sont l’ouïe, la vue, l’olfactif et le gustatif, le vestibulaire, le proprioceptif et le tact. Les émotions rattachées aux différentes expériences sensorielles feront fluctuer l’état tonique. Par exemple, l’odeur de notre gâteau préféré sortant du four abaissera notre tonus ; et à l’inverse, à l’écoute d’une alarme incendie, notre tonus augmentera instantanément.
Parallèlement, la proprioception se sert d’un état des lieux du tonus musculaire, de la posture et de la motricité, pour pouvoir les ajuster à la situation. Elle est garante d’une harmonie dans la répartition du tonus corporel pour un meilleur ajustement postural. Parallèlement la proprioception se sert d’un état des lieux du tonus musculaire, de la posture et de la motricité, pour pouvoir les ajuster à la situation. Elle est garante d’une harmonie dans la répartition du tonus corporel pour un meilleur ajustement postural. En effet dans le cas d’un déficit proprioceptif, les tonus de fond et postural auront une tendance à l’hypotonie et donc une compensation nécessaire par un tonus d’action élevé. Cela s’explique par le fait qu’il y aura besoin d’un niveau élevé de contraction musculaire pour atteindre le seuil de perception afin de ressentir le mouvement. A l’inverse, si la proprioception est affinée, le tonus sera adapté.
• L’état de conscience ou vigilance, à savoir si nous sommes dans un état d’éveil ou d’attention qui mobilisera un tonus plus ou moins élevé ; ou un état de sommeil avec un abaissement du tonus et un relâchement musculaire.
Un tonus, des tonus ?
On retrouve trois sortes de tonus :
Le tonus de fond caractérisé par la tension musculaire involontaire et permanente, même au repos. Elle permet le maintien des différentes parties du corps et se développe au gré des émotions vécues. Son examen repose sur la capacité d’extensibilité et de ballant des segments corporels.
Le tonus postural définit par les contractions et décontractions musculaires minimales respectives des muscles agonistes et antagonistes. Il permet l’équilibre statique ou dynamique grâce à la compensation constante des différents groupes musculaires en fonction des variations de position. Ce tonus est particulièrement impacté par notre état de vigilance.
Le tonus d’action, ou d’activité musculaire, correspond aux différentes tensions des différents groupes musculaires en vue d’une activité motrice, qu’ils en soient acteurs directs ou indirects. Si celui-ci est volontaire, tandis que la coordination et la régulation tonique des membres est principalement involontaire. D’une régulation efficiente découlera une aisance et une précision motrice.
Ces trois tonus permettent la conscience et la connaissance de soi, l’unité du corps, et ainsi qu’une meilleure compréhension du mouvement en fonction des contraintes de l’environnement.
Quelques troubles du tonus…
Les syncinésies sont des contractions toniques involontaires et parasites d’un ou plusieurs groupes musculaires ne participant pas à l’exécution d’un geste, simultanément aux muscles acteurs du geste. Elles devraient normalement disparaître autour dès douze ans, pour réapparaître lors de réalisation de tâches complexes ou chez la personne vieillissante. La plus connue est certainement la syncinésie bucco-faciales, lorsqu’une personne tire la langue lorsqu’elle se concentre sur une tâche demandant de la précision !
Les tics moteurs proviennent de la contraction involontaire d’un ou plusieurs groupes musculaires de manière soudaine, répétitive et stéréotypée.
L’hypertonie et l’hypotonie qui sont des degrés pathologiques de tonus trop élevé ou trop faible. En dehors de trouble, on parlera de tendance à l’hypotonie ou l’hypertonie.
Quels sont les liens entre la pratique du Brain Ball et le tonus ?
La pratique régulière du Brain Ball peut en effet améliorer la régulation tonique. L’envoi et la réception des engins permet un feed-back visuel de l’impact de notre tonus sur notre motricité. Cette activité oculo-manuelle demandant une posture stable et équilibrée, une précision du geste des extrémités supérieures et une motricité globale harmonieuse, qui ne peut se faire sans un contrôle tonique efficient.
Les pratiquants vont devoir réguler leur tonus en optimisant le couple tension-détente des groupes musculaires et ajuster le contrôle tonico-postural afin de réussir les enchaînements rythmiques.
Il leur faudra s’adapter également à leur partenaire, se mettre en synchronisation au travers du dialogue tonique. Par exemple, lors de l’échange des sacs à poser dans les mains de son partenaire, il est important de réguler son tonus d’action afin de poser le sac de manière efficace et adaptée pour ne pas déséquilibrer le partenaire ou perturber la rythmique.
De la même façon, lors des enchaînements de jonglage à plusieurs partenaires (passing), un tonus élevé pourrait modifier la course d’une balle dans l’espace-temps et donc modifier la synergie du groupe.
Et au-delà de nous apprendre à réguler notre tonus, la pratique du Brain Ball permet surtout de prendre conscience de son niveau de tension musculaire naturelle qui peuvent impacter les activités quotidiennes ou générer d’éventuelles douleurs corporelles.
Le Tonus selon…
Pour Julian De Ajuriaguerra, neuropsychiatre et psychanalyste, la première conscience de soi émane du croisement entre le tonus, la proprioception et l’organisation motrice ; puisqu’ils permettent tout trois de mettre le corps en mouvement et de structurer notre identité psychique.
C’est en 1974 qu’il théorisa la célèbre notion de « dialogue tonico-émotionnel » à partir du dialogue tonique proposé par H. Wallon. Selon lui, il est un outil de communication infra-verbale privilégié en reflétant l’état émotionnel des partenaires, avec la possibilité d’une diffusion de l’un à l’autre. Il s’exprime par « les regards, les sourires, les touchers, les vibrations, les mimiques émotionnelles » (Robert-Ouvray et Servant-Laval, 2012, p. 159)
Sa complexité sera proportionnellement croissante à la maturation neurologique.
Pour aller plus loin :
SCIALOM, P, GIROMINI, F, & ALBARET, J. Manuel d’enseignement en psychomotricité Tome 1 : Concepts fondamentaux. (2012). De Boeck Supérieur.
WALLON, H. 1934. Les origines du caractère chez l’enfant. Les préludes du sentiment de personnalité. Paris, PUF, 1970.
AJURIAGUERRA, J. de. 1977. Manuel de psychiatrie de l’enfant, Paris, Masson.