Avez-vous déjà entendu parler de la notion de « Flow » ? C’est ainsi qu’un psychologue hongrois nomme la plénitude que l’on ressent lorsque l’on est concentré et engagé dans une tâche que l’on réussit. Selon lui, atteindre le Flow est une clé de la performance et du bien-être.
Explorons donc cet état, sa nature et la manière de l’atteindre !
Atteindre le Flow : une expérience optimale, source de satisfaction
Nous avons tous déjà ressenti un état de flow. Ce concept que l’on nomme aussi « expérience optimale », a été développée par le psychologue hongrois Mihály Csíkszentmihályi (à prononcer : chi-zen-mi-a-li »), en 1975. Ce professeur et chercheur, qui a enseigné pendant plus de 30 ans à l’Université de Chicago, explorait alors les notions de bonheur, de motivation et de créativité.
Le Flow, c’est donc ce moment de plénitude, de bonheur simple et intense que l’on ressent pendant et après avoir exécuté une tâche complexe. A ce moment précis, on perd la notion du temps, on se sent happé par son activité, comme porté par une sorte de courant. Flow signifie d’ailleurs « flux » en anglais.
État de grâce, plaisir lié à la performance en cours, moment où la motivation est optimale et les sensations décuplées, le « Flow » rassemble tout cela à la fois. Et il ne se cantonne pas à certains domaines ! Vous pouvez vivre une expérience de flow lors d’une performance sportive, au travail, en jouant à un jeu vidéo, en dansant, en cuisinant ou en réalisant une activité de loisir créatif.
Les conditions pour vivre une expérience de flow
Le Flow, c’est donc un état physique et mental dans lequel nous permettons à notre cerveau de se concentrer sur une seule et unique chose. Selon la psychologie positive, cette expérience nous aident à nous construire, à nous améliorer et participent à notre sensation de bonheur quotidien.
Il n’y a pas de limite au Flow, mais 6 conditions doivent être réunies pour que cet état se révèle et soit pleinement positif selon Mihály Csíkszentmihályi :
1. Réaliser une tâche avec un objectif clair.
2. Être capable de savoir où l’on en est par rapport à notre objectif. Suis-je bien en train d’avancer dans ma tâche ? On parle alors de rétroaction immédiate.
3. Avoir le contrôle de ses propres actions, c’est-à-dire réaliser une tâche liée à nos propres efforts, à nos ressources personnelles.
4. Être concentré sur sa tâche, sans dérangement, pendant plusieurs minutes voire plusieurs heures. Le Flow a besoin d’une pleine capacité mentale et d’un esprit libéré des pensées ou des interventions extérieures qui le perturbent.
5. Que la tâche constitue un défi réalisable, avec une réelle stimulation. Si la tâche est trop simple, on risque de s’ennuyer ou de la réaliser trop vite, tandis que si elle est trop complexe, le stress et le découragement prennent le pas sur le plaisir.
6. Que cette mission ou cette tâche soit porteuse de sens, avec un réel intérêt pour son sujet.
Au vu de ces caractéristiques, nous sommes tous capables d’atteindre le Flow. Un travail, une activité, un bricolage… Selon le psychologue-chercheur, les personnes qui ne trouvent pas d’illustration d’expériences optimales dans leur quotidien devraient se pencher avec attention sur la question.
Pourquoi avons-nous intérêt à atteindre le Flow ?
Pour Mihály Csíkszentmihályi, cette « expérience optimale » est comme une clé du bonheur. Pourquoi ? Parce qu’il est à la fois un moment de ressourcement, un booster de confiance en soi et une pause salvatrice pour notre esprit.
Cette « centration positive » permet de ne pas rester focalisé sur des éléments négatifs*, ce qui est un réel enjeu lors de la réalisation de performances sportives ou pour les apprentissages.
Les composantes du Flow regardées à la loupe nous permettent de comprendre ses bienfaits.
- La concentration
Pendant le Flow, la concentration du sujet est focalisée sur le moment présent : il oublie ce qui l’entoure, ses éventuels soucis… Il est entièrement concentré à sa tâche, ici et maintenant. - L’implication
Le Flow engendre une implication très forte du sujet, qui peut lui donner la sensation de ne faire qu’un avec l’objet qu’il manipule ou l’action qu’il pratique. Mihály Csíkszentmihályi parle d’une fusion entre la conscience du sujet et son action, ou d’une disparition de la distance entre l’objet et le sujet. - Le lacher-prise
Lors du Flow, nous perdons la notion du temps : une altération qui peut être vue comme un bienfait dans de nombreuses situations. - La focalisation
Le Flow entraîne également la perte de notion de la conscience de soi. En ne faisant qu’un avec notre action, nous oublions nos besoins, nos problèmes, ce qui nous entoure. - Le contrôle
Un sentiment de contrôle et de puissance nous envahit lors de ces expériences optimales. Nous sommes maîtres de notre action, décideur, « maîtres de la situation » comme le dit l’expression, ce qui participe à notre satisfaction. - Le bien-être
Lorsque nous entrons dans un état de Flow, nous éprouvons un équilibre entre la nature du défi et nos compétences. Cette adéquation nous procure du plaisir. La tâche est réalisable, nous la réalisons, et nous en retirons du plaisir. On parle d’une activité autotélique lorsqu’elle n’a pas d’autre but que de nous procurer du plaisir.
Les mouvements de psychologie positive nous incitent à mieux comprendre et développer le Flow au quotidien. Dans notre vie professionnelle ou personnelle, ses nombreux bienfaits ne sont plus à prouver.
Sport et loisirs, provoquons le Flow !
Selon la théorie de Mihály Csíkszentmihályi, nous devons autant que possible provoquer le Flow ! Nous devons parvenir à instiller des moments d’expériences optimales dans notre quotidien.
Dans le monde du sport, ce flow est parfois nommé « la zone », ce moment où l’on est concentré, absorbé, prêt à se dévouer entièrement à sa performance. Le Flow devient alors un état positif, un moment pendant lequel le sportif se sent bien, et constitue un moteur qui booste ses performances au fil des jours.
Les artistes, danseurs, peintres, sculpteurs, sont aussi mus par les bienfaits du flow. Entre concentration, inspiration, non-conscience de soi… Le Flow est comparable à une fenêtre ouverte sur un autre monde, qui favorise notre bien-être.
Il semble donc possible d’atteindre cet état, en prenant le temps de pratiquer des activités qui mobilisent à la fois notre corps et notre esprit, dans un environnement serein et un objectif autotélique.
La méthode Brain Ball permet d’entrer dans cet état de Flow. Le jonglage de rebond, collectif, pratiqué en musique et en rythme, rassemble tous les critères établis par le psychologue Mihály Csíkszentmihályi : l’objectif est clair, la rétroaction est évidente : les balles m’échappent, c’est que je n’ai pas réussi. Mon partenaire rattrape les balles et notre échange dure plusieurs minutes, nous avons réussi !
L’état de concentration est maximale. Combien de fois entendons-nous les participants à un atelier Brain Ball faire état du fait que » Ça fait déjà une heure et demie que l’on pratique ?? !! … Je n’ai pas vu le temps passer !! ou bien : « Je n’ai pensé à rien d’autre, j’ai laissé tous mes soucis … à la porte !! «
Durant les séances, le temps est comme suspendu. Les gestes sont soutenus par le son des balles qui résonnent à l’unisson, par les rythmes du métronome. À l’image d’une danse de groupe rythmée, les participants sont littéralement habités par le Flow…
En savoir plus
Conférence TED de Mihaly Csikszentmihalyi (2004)
https://www.ted.com/talks/mihaly_csikszentmihalyi_flow_the_secret_to_happiness
* Demontrond, P. & Gaudreau, P. (2008). Le concept de « flow » ou « état psychologique optimal » : état de la question appliquée au sport. Staps, 79, 9-21. https://doi.org/10.3917/sta.079.0009