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Libérer le geste d’écriture

par | Juin 2025

Label précisant que cet article a été écrit par un humain et non par l'IA
Libérer le geste d'écriture, ici, des mains manipulant les balles Brain Ball

© Sandrine PELLET

Le geste d’écriture désigne l’ensemble des mouvements coordonnés – épaule, bras, poignet, doigts et contrôle postural – qui permettent de tracer des lettres lisibles et rapides. Bien plus qu’une habileté manuelle, il conditionne la graphomotricité, la mise en mémoire orthographique et, à long terme, la réussite scolaire. Quand ce geste est contraint, toute la chaîne visuo-motrice se désorganise : l’enfant se fatigue vite, écrit trop lentement, se démotive et voit ses performances globales décliner.

Geste d'écriture - Témoignage d'une psychomotricienne formée au Brain Ball

Qu’entend-on par geste d’écriture ?

Le geste d’écriture se construit progressivement :

  • Planification motrice : le cortex prémoteur séquence le tracé et gère la latéralisation.
  • Dissociation segmentaire : l’épaule stabilise, l’avant-bras pilote, le poignet ajuste et les doigts affinent le trait.
  • Boucle visuo-proprioceptive : le regard vérifie la forme, tandis que la proprioception calibre la pression.
  • Rythme interne : des oscillateurs neuronaux de faible fréquence créent une cadence qui rend l’écriture automatique.

Tout blocage sur l’un de ces étages modifie la trajectoire finale des lettres : on parle alors de dysgraphie ou, plus largement, de trouble du geste d’écriture.

 

Pourquoi le geste d’écriture se bloque-t-il ?

Hypertonicité et dissociation incomplète

Les retours cliniques de Célia Joubert, psychomotricienne formée au Brain Ball®, indiquent que la principale difficulté n’est pas le manque de force mais l’hypertonicité : l’enfant contracte trop l’épaule et le poignet pour « tenir » son crayon. L’absence de dissociation bras/poignet/doigts empêche la micro-mobilité requise pour écrire finement. Résultat : un mouvement « en bloc », saccadé, qui manque d’amplitude et d’adaptation.

Impact sur la fluidité, le rythme et la lisibilité

Lorsque la tonicité reste élevée :

  • la fatigue musculaire survient dès la deuxième ligne ;
  • la pression sur le papier est importante, générant des traits tremblés ;
  • le rythme du geste d’écriture se cale sur la contraction, pas sur la pensée, d’où une lenteur et des inversions de lettres ;
  • la motivation chute, car le coût attentionnel explose (Feder & Majnemer, 2007).

 

La méthode Brain Ball® : un outil pour libérer le geste d’écriture

Principe de la décomposition motrice

Le Brain Ball® est une suite d’exercices rythmés issus du jonglage de rebond : une ou plusieurs petites balles sont lancées et récupérées selon un schéma moteur, en suivant le tempo d’un métronome ou d’une musique.

Cet enchaînement réglé impose à l’enfant :

  • de relâcher l’épaule, puisque l’impulsion vient surtout de l’avant-bras ;
  • d’ouvrir et refermer la main de façon souple, rompant la pince digitale crispée ;
  • de caler le geste sur un rythme constant, condition d’une écriture fluide.

En décomposant ainsi chaque segment (épaule, bras, poignet, doigts) avant de les réintégrer dans une séquence cadencée, le Brain Ball® prépare un schéma moteur plus économique que l’enfant peut ensuite transférer à l’acte d’écriture.

Rythme, détente et transfert graphique

Le Brain Ball impose un tempo régulier : les exercices imposent un rythme moteur qui peut ensuite se transférer au geste d’écriture. Cette boucle rythmique, observée dans les protocoles EEG-cinématique (Longcamp et al., 2021), facilite la double tâche « penser-écrire » en libérant la mémoire de travail de la gestion posturale.

 

Conseils pratiques pour libérer le geste d’écriture

Avant même de corriger les tracés, il est essentiel de préparer le corps et le support : posture, matériel et petites routines motrices créent un terrain favorable à la fluidité. Voici cinq mesures simples à intégrer aussi souvent que possible :

  • Adopter une posture stable : asseyez l’enfant face à la table, pieds bien à plat et avant-bras libres ; le crayon doit glisser, sans taper ni exercer une pression excessive, pour limiter les crispations.
  • Introduire un échauffement type Brain Ball® : commencez chaque séance par une courte routine ludique (5 minutes) où l’enfant manipule la balle de différentes façons pour mobiliser bras, poignet et doigts. 

  • Choisir un support adapté : privilégiez un papier ligné large (2,5 – 3 cm) afin d’autoriser une plus grande amplitude verticale et de favoriser la dissociation du poignet.
  • Ancrer le rythme : invitez l’enfant à marquer une pulsation régulière (tapotement discret du pied ou léger chuchotement) pendant qu’il trace ses lettres ; ce métronome interne fluidifie la succession des gestes.
  • Valoriser le feedback positif : filmez brièvement l’écriture avant et après la séance ; montrer le bras détendu et la ligne plus régulière renforce la motivation et la conscience corporelle.

 

Conclusion

L’enjeu central reste de libérer le geste d’écriture : détendre l’épaule, dissocier poignet et doigts, instaurer un rythme régulier. Un geste fluide réduit la fatigue, libère des ressources attentionnelles pour le contenu, améliore la lisibilité et, surtout, nourrit la confiance de l’enfant en ses capacités. Les approches psychomotrices qui ciblent la relaxation musculaire, la dissociation segmentaire et la cadence offrent déjà des résultats prometteurs ; chacune peut être adaptée à l’âge, au profil sensorimoteur et aux contraintes scolaires.

Placer la qualité du geste graphique au cœur des apprentissages, le soutenir par des routines motrices simples et valoriser chaque petit gain demeure la meilleure façon d’accompagner les élèves vers une écriture aisée et, par ricochet, vers un apprentissage plus serein.

    En savoir plus

    • Feder, K. P. & Majnemer, A. (2007). Handwriting development, competency, and intervention. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/17376144/
    • Hen-Herbst, L., & Rosenblum, S. (2022). Handwriting and Motor-Related Daily Performance among Adolescents with Dysgraphia and Their Impact on Physical Health-Related Quality of Life. Children (Basel, Switzerland), 9(10), 1437. https://doi.org/10.3390/children9101437
    • Longcamp, M. et al. (2021). Temporally resolved neural dynamics underlying handwriting. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34534659/
    • Puyjarinet, F., Madramany, P., Autexier, A., Madieu, E., Nesensohn, J., & Biotteau, M. (2023). Psychomotor intervention to improve handwriting skills in children with ADHD: A single-case experimental design with direct inter-subject and systematic replications. Neuropsychological rehabilitation, 33(9), 1537–1563. https://doi.org/10.1080/09602011.2022.2114503

     

    FAQ sur le Geste d’écriture

    Pourquoi parle-t-on d’hypertonicité et non de manque de force ?
    L’hypertonicité correspond à une contraction excessive au repos ; elle bloque l’amplitude du mouvement. La plupart des enfants dysgraphiques n’ont pas de faiblesse musculaire, mais trop de tension, surtout à l’épaule et au poignet. Les exercices Brain Ball visent donc à détendre avant de renforcer.
    Comment repérer qu’un enfant a besoin d’un travail spécifique sur le geste d’écriture ?
    Plusieurs signaux doivent alerter : fatigue rapide, douleurs ou rougeurs au poignet, lenteur malgré un bon niveau de lecture, pression excessive laissant des traces au verso, lettres irrégulières ou saccadées. Un bras qui bouge « en bloc » depuis l’épaule, sans participation fine des doigts, suggère souvent une hypertonicité. Une évaluation graphomotrice réalisée par un psychomotricien par exemple permet de confirmer le diagnostic et d’élaborer un programme adapté.
    Quelle place donner aux parents dans le suivi à domicile ?
    Le rôle des parents est très important : installer un coin écriture ergonomique (table à bonne hauteur, pieds au sol), superviser des séances courtes mais régulières, et valoriser chaque progrès plutôt que la perfection du tracé. Deux à trois pratiques de cinq minutes par jour suffisent pour renforcer les acquis sans surcharger l’enfant. Un carnet de suivi partagé avec le professionnel aide à ajuster la progression et à maintenir la motivation.
    Le Brain Ball® remplace-t-il les autres approches ?
    Non : le Brain Ball est un outil complémentaire, pas un substitut. Il cible surtout la dissociation segmentaire et le rythme, mais d’autres volets (intégration visuo-spatiale, planification, posture assise) relèvent d’un suivi spécialisé. Nous encourageons donc vivement à consulter un médecin, un pédiatre ou un professionnel du soin et de la rééducation (psychomotricien, ergothérapeute, orthophoniste) pour poser un bilan complet et coordonner l’intervention.
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