Dans leur quête pour comprendre comment nous apprenons, les scientifiques explorent continuellement de nouvelles voies. Parmi elles, l’intersection entre la proprioception et la mémoire de travail offre des perspectives intéressantes. Inspiré par l’étude menée par deux chercheurs en psychologie, nous plongeons dans ce sujet captivant pour découvrir comment notre corps et notre esprit collaborent lors des processus d’apprentissage.
Proprioception et mémoire de travail, des notions très liées
La proprioception, souvent décrite comme un « sixième sens », est la perception consciente ou inconsciente de la position et du mouvement de notre corps dans l’espace. C’est grâce à ce sens que nous pouvons marcher sans regarder nos pieds, attraper une balle en plein vol ou simplement tenir debout sans basculer. Mais son rôle va bien au-delà de ces actions physiques. Des recherches récentes suggèrent que la proprioception joue également un rôle crucial dans notre capacité à apprendre et à traiter de nouvelles informations.
La mémoire de travail représente quant à elle la capacité de notre cerveau à traiter et à retenir temporairement des informations pertinentes lors de l’exécution de tâches cognitives. Elle est essentielle dans des activités telles que la résolution de problèmes, la planification et bien sûr, les apprentissages. Cette mémoire, bien que souvent associée aux processus mentaux, est pourtant étroitement liée à notre expérience sensorielle et motrice…
Le mouvement, support des apprentissages
L’étude, intitulée « Les bénéfices pour la mémoire de travail d’un entraînement exigeant sur le plan proprioceptif » met en lumière le lien profond entre le mouvement et l’apprentissage, soulignant à quel point nos mouvements physiques peuvent stimuler notre cognition.
Ainsi, par exemple, des études ont montré que la marche régulière favorise la neurogenèse dans certaines régions du cerveau impliquées dans la mémoire et l’apprentissage, comme l’hippocampe. De plus, la marche rythmique est associée à une meilleure performance dans les tâches cognitives complexes, suggérant une relation directe entre nos mouvements corporels et nos capacités mentales.
Imaginez-vous marchant dans un environnement complexe et changeant, votre corps ajustant constamment sa position pour éviter les obstacles. En même temps, votre esprit retient des informations importantes sur votre itinéraire, les obstacles à venir et peut-être même des concepts abstraits que vous étudiez. Cette expérience dynamique met en lumière l’interaction subtile mais puissante entre la proprioception et la mémoire de travail dans le processus d’apprentissage.
Alors, comment pouvons-nous tirer parti de cette connexion dans nos propres parcours d’apprentissage ?
Se mettre en mouvement pour améliorer les apprentissages
Intégrer des activités physiques rythmiques telles que la marche, la course ou la danse dans nos routines pourrait être un premier pas. En combinant ces activités avec des exercices cognitifs stimulants, nous pourrions potentiellement renforcer notre proprioception tout en améliorant notre mémoire de travail, facilitant ainsi l’acquisition de nouvelles compétences et connaissances.
Dans l’étude, les chercheurs ont soumis les participants à différents exercices proprioceptifs tels que: marcher sur une poutre, grimper à un arbre, se déplacer entre des objets,…
Les résultats ont mis en avant une augmentation de la mémoire de travail pouvant atteindre 50 % après seulement deux heures d’activités. Ces résultats suggèrent que c’est la concomitance de situations proprioceptives avec des exercices dynamiques qui favorise ce type d’effet. Selon Ross Alloway, c’est la combinaison d’exercices et de réflexion qui serait la cause de ce boost « cognitif ».
Le Brain Ball permet justement de travailler la proprioception tout en étant en mouvement. Les exercices proposés, que ce soit avec les balles de rebond ou les sacs de grains, nécessitent un travail d’adaptation et d’ajustement permanent, que ce soit en synchronisant avec le rythme ou en équilibrant sur une planche d’équilibre.
En conclusion, la proprioception et la mémoire de travail ne sont pas des entités distinctes mais plutôt des partenaires essentiels pour faciliter les apprentissages. En reconnaissant et en exploitant cette relation, nous pouvons optimiser nos stratégies d’apprentissage. Alors, pourquoi ne pas faire un pas en avant – littéralement – vers un apprentissage plus efficace et gratifiant ?
En savoir plus
Alloway, R. G., & Alloway, T. P. (2015). The Working Memory Benefits of Proprioceptively Demanding Training: A Pilot Study. Perceptual and Motor Skills, 120(3), 766-775. https://doi.org/10.2466/22.PMS.120v18x1