Glossaire

Schéma corporel : définition

Le schéma corporel peut s’expliquer simplement par la conscience du corps dans l’espace qu’il soit immobile ou en mouvement, à l’image d’une topographie mentale corporelle.
Cette représentation corporelle regroupe la capacité à connaître les différentes parties du corps et leurs relations entre elles, à reproduire des mouvements, et à comprendre comment utiliser son corps dans sa globalité en vue d’un but précis.

 

Le schéma corporel est-il inné ?

C’est tout le contraire !

Le schéma corporel n’est pas inné, mais résulte d’un processus cognitif complexe, fondé sur l’intégration de diverses stimulations sensorielles (vestibulaire, auditive, proprioceptive, etc.) et de réponses motrices efférentes. Ce processus inconscient nous permet de recevoir des informations importantes sur notre posture et notre environnement, et contribue à améliorer notre conscience corporelle, notre posture, notre régulation tonique, notre équilibre, ainsi que nos praxies, tout en réduisant la fatigue et le risque de blessure.

Concrètement, le schéma corporel se construit grâce à trois systèmes sensoriels principaux :

  • La proprioception, qui transmet au système nerveux central (SNC) des informations sur notre position corporelle et nos mouvements, en passant par les capteurs des tendons, ligaments, muscles et articulations. Il s’agit du canal sensoriel le plus important dans la construction du schéma corporel.
    • L’intéroception, qui, via les récepteurs viscéraux, informe le SNC sur l’état interne du corps (battement cardiaque, respiration, digestion, température corporelle, etc.).
    • L’extéroception, où les récepteurs sensoriels (yeux, peau, oreilles, nez) traduisent les stimuli environnementaux en messages envoyés au SNC.

Les neurones miroirs vont également jouer un rôle dans la consolidation du schéma corporel lors d’activités d’imitation ou d’observation, en soutenant le processus de perception-représentation-action d’un geste (Rizzolatti et coll., 1996).

Les recherches récentes, notamment grâce à l’imagerie fonctionnelle (IRMf), ont mis en évidence l’implication de certaines aires cérébrales. Selon l’étude de Daniel Goble, les aires corticales spécialisées dans la motricité, le cortex fronto-pariétal (impliqué dans les fonctions exécutives et les représentations cognitives) et le putamen (associé au contrôle moteur, à la cognition et aux apprentissages) influencent la construction du schéma corporel (Goble et coll., 2011 ; 2012).

La construction du schéma corporel dépend donc de l’alliance de différentes structures qui vont enrichir sa représentation.

 

Un processus en perpétuel changement

Ce processus est dynamique puisqu’il débute in utero et va évoluer tout au long de la vie à travers la croissance, la puberté, les évènements de vie (grossesse, maladie, accident, variation de poids …) et… le vieillissement.

Dès les premières années de vie, l’exposition précoce à des expériences sensori-motrices variées et de qualité favorise l’intégration progressive du schéma corporel. Par exemple, les mouvements en enroulement permettent au nourrisson d’explorer visuellement et tactilement ses pieds, contribuant ainsi à la construction de sa représentation corporelle. Ce processus suit une progression en plusieurs étapes : d’abord la phase sensori-motrice, durant laquelle les interactions avec l’environnement stimulent les récepteurs sensoriels, puis le traitement cognitif des informations proprioceptives, vestibulaires et extéroceptives, conduisant à une maîtrise coordonnée des segments corporels en vue d’une action intentionnelle.

Toute modification corporelle, en particulier lorsqu’elle est soudaine, nécessite une réactualisation du schéma corporel via le traitement des informations sensorielles, l’intégration des feedbacks moteurs et l’adaptation des circuits corticaux impliqués dans la planification et l’exécution du mouvement. Ce phénomène est particulièrement visible à l’adolescence, période marquée par des transformations hormonales (puberté), cognitives (élagage synaptique) et physiques (croissance, modifications de la masse corporelle, pilosité). Ces changements altèrent temporairement la coordination motrice, obligeant l’individu à ajuster sa représentation corporelle afin de retrouver une gestuelle fluide et efficiente.

> Lire à ce sujet notre article sur La plasticité du schéma corporel chez les enfants dyspraxiques

 

L’importance du schéma corporel

Le schéma corporel constitue un fondement essentiel des acquisitions motrices, influençant directement la coordination gestuelle, la fluidité des mouvements et, par extension, la qualité des interactions, des apprentissages cognitifs et des capacités fonctionnelles impliquées dans les activités quotidiennes.

Cette représentation corporelle joue également un rôle clé dans le processus de latéralisation, déterminant la dominance d’un hémicorps (main, pied, œil) pour l’exécution de gestes précis et optimisés.

Sa consolidation et son perfectionnement restent donc essentiels à tout âge afin d’assurer une motricité efficiente et une adaptation optimale aux exigences corporelles et environnementales.

Il est donc à perfectionner quel que soit son âge !

 

Le schéma corporel et la pratique du Brain Ball

Les exercices du Brain Ball activent les aires corticales impliquées dans la construction du schéma corporel en sollicitant simultanément l’imitation, les processus sensori-moteurs et les fonctions cognitives.

Bénéfique autant pour les enfants qui ont besoin de se nourrir d’expériences motrices, pour les adolescents en plein remaniement corporel, pour les personnes vieillissantes, que pour les personnes porteuses d’un handicap, la pratique régulière du Brain Ball saura trouver son public.

Plus précisément, on peut citer les exercices de réception et de lancer d’engins qui obligent à coordonner les différents segments corporels afin d’assurer au participant un bon équilibre tout en effectuant une praxie précise. D’autres exercices réclament des passages devant ou à l’arrière de la personne, de se positionner sur des planches d’équilibre, ou d’avoir les yeux bandés, ce qui va permettre aux participants d’affiner leur répertoire moteur et donc de renforcer leur représentation corporelle.

L’intégration du rythme ou de musiques rythmées dans les exercices stimule l’apprentissage de nouveaux mouvements, favorisant ainsi l’enrichissement du schéma corporel. Ce paramètre technique permet aux participants d’améliorer l’amplitude articulaire, la fluidité des coordinations et des dissociations motrices, tout en sollicitant des segments corporels parfois sous-activés dans les activités quotidiennes, tels que le bassin ou les genoux. Cette approche favorise également une meilleure synchronisation intersegmentaire, essentielle à une motricité plus fluide et précise.

 

C’est d’ailleurs pour cela que la pratique du Brain Ball est reconnue dans le cadre de programme visant à Bien Grandir et à Bien Vieillir !

La Schéma corporel selon…

Julian De Ajuriaguerra, neuropsychiatre, psychanalyste et père fondateur de la psychomotricité, le définira comme : « Edifié sur la base des impressions tactiles, kinesthésiques, labyrinthiques, visuelles, le schéma corporel réalise dans une construction active constamment remaniée des données actuelles et du passé, la synthèse dynamique qui fournit à nos actes comme à nos perceptions le cadre spatial de référence où ils prennent leur signification. » (De Ajuriaguerra, 1974)

Éric W. Pyreire, psychomotricien clinicien, est allé plus loin dans sa définition : « : Le schéma corporel relève d’un fonctionnement physiologique non subjectif. C’est une représentation sensori-motrice, tridimensionnelle, non consciente, automatique et sans cesse réajustée de la position globale et/ou segmentaire du corps et de ses mouvements. Cette représentation implique différents systèmes sensoriels, leurs coordinations et leur intégration (proprioception, vision, équilibration). La proprioception est, chez l’adulte, la référence principale. » (Pyreire, 2021, page 416)

 

En savoir plus

Ajuriaguerra, J. de. (1974). Manuel de psychiatrie de l’enfant (Masson)

Assaiante, C. (2015). Construction du schéma corporel au cours du développement sensorimoteur de l’enfant. Dans A. Bullinger et l’ABSM (dirs.), Les effets de la gravité sur le développement du bébé (pp. 41 à 60). Éditions érès.

Fontan, A., Cignetti, F., Vaugoyeau, M., & Assaiante, C. (2016). Exploration des bases neurales des représentations du corps en action : Étude développementale. Neurophysiologie Clinique/Clinical Neurophysiology, 46(4), 259.

Goble, D.J.; Coxon, J.P.; VanImpe, A.; Geurts, M.; Doumas, M.; Wenderoth, N. 2011. « Brain activity during ankle proprioceptive stimulation predicts balance performance in young and older adults », J. Neurosc., 31(45), p. 16344-16352.

Goble, D.J. ; Coxon, J.P. ; Van Impe, A. ; Geurts, M. ; Van Hecke, W. ; Sunaert, S. 2012. « The neural basis of central proprioceptive processing in older versus younger adults : an important sensory role for right putamen », Hum. Brain Mapp, 33(4), p. 895-908.

Pyreire, E. W. (2021). Clinique de l’image du corps, Du vécu au concept (3 e éd.). Dunod.

Rizzolatti, G. ; Fadiga, L. ; Gallese, V. ; Fogassi, L. 1996. « Premotor cortex and the recognition of motor actions », Brain Res. Cogn. Brain Res., 3, p. 131-141.

Nuage de mots autour de la notion de Schéma corporel
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