La définition des praxies est bien souvent méconnue. Pourtant, celles-ci jouent un rôle essentiel dans notre capacité à interagir avec le monde qui nous entoure. Ces fonctions, comme l’a souligné le célèbre psychologue Jean Piaget en 1936, désignent la coordination et l’adaptation des mouvements volontaires orientés vers un but précis. Mais que signifie réellement cette notion et en quoi est-elle cruciale pour notre quotidien ?
Définition des praxies
Une praxie est un mouvement ou une série de mouvements déterminés et organisés en fonction d’un but précis, ajustés selon les éléments environnementaux, de notre position et de nos capacités neuromotrices. Elle demande donc une coordination motrice plus ou moins complexe, qui se perfectionnera en vitesse et en précision au fur et à mesure des répétitions.
Cette qualité et cette vitesse d’exécution peuvent être influencées par une latéralisation non encore fixée, de notre proprioception, de notre capacité à recruter nos fonctions exécutives, de notre état tonico-émotionnel ou encore de notre maturation neurologique.
Pour effectuer un mouvement, deux phases sont nécessaires :
• Une phase cognitive se déroulant en trois étapes :
– Le projet moteur qui est la volonté consciente d’effectuer un geste durant lequel se fait le traitement des différentes informations sensorielles, spatiales de l’environnement et du corps, des expériences antérieures,…
– La planification c’est-à-dire l’organisation temporelle ou le séquençage des étapes nécessaires à la réalisation de la tâche. Selon que le geste est nouveau ou déjà automatisé, les différentes fonctions exécutives seront mobilisées de manière plus ou moins intense.
– La programmation du mouvement. Elle fait appel à plusieurs paramètres spécifiquement adaptés au but recherché comme la vitesse, la capacité musculaire (la force mais également la capacité à dissocier les différents groupes musculaires et la capacité de coordonner muscles agonistes-antagonistes), la direction, la posture,…
• Une phase neuromotrice correspondant à l’exécution de la programmation motrice commandée par la motricité volontaire pyramidale et la motricité involontaire extra-pyramidale.
Et la motricité automatique alors ?
La motricité automatique intervient lorsque les praxies ont déjà été entraînées et intégrées. Elle sollicite donc moins les fonctions exécutives puisqu’elles utilisent des programmations motrices déjà enregistrées. Les praxies pourront donc être perfectionnées à force de répétition et la double tâche sera facilitée comme lors de la marche, de l’écriture ou de la conduite par exemple.
Existe-t-il des troubles de la praxie ?
À l’exact opposé de la motricité automatique se trouve l’apraxie, un trouble qui empêche la réalisation de gestes en raison d’une lésion cérébrale, alors même que les muscles sont intacts et la volonté présente.
On observe également des troubles praxiques, qui ont reçu diverses appellations au fil du temps : maladresse, idiotie motrice, dyspraxie de développement, troubles de l’acquisition de la coordination, et, plus récemment dans le DSM-V, trouble développemental de la coordination (TDC). Ce trouble affecte la capacité à réaliser des gestes précis, limitant ainsi certaines activités de la vie quotidienne. Le TDC est souvent comorbide à d’autres troubles et des difficultés d’apprentissages.
Un bilan psychomoteur permettra de quantifier les réussites praxiques ainsi que la qualité de planification du geste.
L’influence de la pratique du Brain Ball sur les praxies
Pratiquer régulièrement le Brain Ball permet d’entraîner les deux phases nécessaires au mouvement que sont la phase cognitive et la phase neuromotrice.
Prenons l’exemple des exercices Brain Ball réalisés avec des sacs lestés et analysons les différentes phases de leur exécution :
1. Analyse du projet moteur : Le participant prend en compte, consciemment ou non, la qualité du sol, l’espace dans la salle, la position et la posture des partenaires, ainsi que le poids et la forme des sacs…
2. Planification des mouvements : Il tend la main, paume vers le haut, en direction de son partenaire pour recevoir le sac, effectue une rotation du poignet pour le faire passer dans son dos, et place son autre main pour la réception suivante, et ainsi de suite…
3. Programmation motrice : À cette étape, il ajuste précisément ses gestes — il décide où positionner sa main pour recevoir le sac efficacement, l’angle optimal d’ouverture de ses doigts et de la paume pour l’attraper, la vitesse et la force nécessaires pour transférer le sac dans l’autre main, l’inclinaison du tronc pour ne pas gêner le mouvement, et la position des jambes pour conserver l’équilibre lors du changement de plan (du devant vers le dos).
4. Exécution du mouvement : Enfin, le geste est réalisé ! La répétition de cet enchaînement lors des entraînements permet, au fil du temps, d’affiner les praxies.
Le Brain Ball nécessite en effet une pratique régulière et progressive, et c’est ce qui plait et qui en fait tout l’intérêt !
En savoir plus
PIAGET Jean, Les praxies chez l’enfant, Revue « Problèmes de psychologie génétique », 1972, p.67
Article « La plasticité du schéma corporel est altérée chez les enfants dyspraxiques« , Blog Brain Ball